Qu’est-ce que Numeum, le syndicat qui veut représenter ESN et éditeurs ?
Numeum est issu de la fusion des deux syndicats représentant les entreprises du secteur numérique. Il s’agit de Syntec Numérique et Tech In. L’union a été annoncée le 18 juin 2021
après que les deux associations ont reçu l’accord de leurs assemblées générales respectives. La concrétisation de ce projet a demandé plusieurs mois de négociation.
Quel est le fonctionnement de Numeum ?
Numeum sera co-présidé par Geoffroy de Benzmann (Syntec numérique) et Pierre-Marie Lehucher (Tech In). Ils seront en place pendant la première année d’activité, ensuite une élection déterminera l’identité du nouveau président. Côté administration, il y a Véronique di Benedetto et Maylis Staub. Un seul délégué général pilotera le syndicat. Il s’agit de Philippe Tavernier. Il sera assisté par François Leymarie. Le conseil d’administration est constitué de 36 membres issus des diverses sociétés représentées.
Le rapprochement des deux frères ennemis a demandé un travail de longue haleine de la part des parties prenantes. Les négociations ont duré près de 6 mois avant que les deux associations puissent faire table rase du passé.
Pour ce qui est du budget de fonctionnement, Numeum pourra mener sa mission à bien auprès des jeunes pousses du secteur et les sociétés matures avec 7 millions d’euros. À la suite de la fusion, elle représente 2300 membres et 85 milliards du chiffre d’affaires du secteur. À noter que les adhérents ne sont pas uniquement des entreprises françaises. Il y a notamment des acteurs internationaux comme les Allemands et les Anglais.
Pour donner une idée précise de la conjoncture actuelle, elle mettra en ligne diverses études et notes. Ces rapports d’analyses seront disponibles tous les 6 mois. La mesure vise à apporter des éclaircissements concernant l’évolution du marché.
Quel est l’intérêt de la création de Numeum ?
Le rapprochement des deux associations est purement stratégique. En effet, Numeum pourra davantage peser lors des débats numériques sur la scène nationale et internationale que deux organisations différentes. En tout cas, c’est ce que rassure Godefroy de Bentzmann en annonçant l’objectif de « parler d’une seule voix des sujets importants qui sont des enjeux majeurs pour le pays ». Elle pense notamment parlementer sur certains projets de régulation européens.
Actuellement, le DMA et DSA font couler beaucoup d’encre. Pour rappel, la commission a présenté ses deux projets de réglementations au mois de décembre 2020. Ils sont encore discutés auprès du parlement européen.
L’acronyme DMA se traduit par Digital Market Act. Cette réglementation touche les grandes entreprises officiant dans le web. Ici, les principales concernées sont par exemple les GAFA qui ont même tenté des lobbyings. À cause de leurs tailles et du nombre de marchés généré, elles disposent d’un énorme pouvoir qui pourrait conduire à l’évincement des concurrents. Le DMA essayera donc de protéger les petits acteurs.
Le DSA ou Digital service Act fixe quant à lui des obligations proportionnellement aux tailles de la structure. Une meilleure transparence est par exemple demandée aux TPE tandis que les grandes entreprises seront obligées de partager une partie de leurs données auprès des régulateurs.
Les discussions se porteront aussi sur une mise en place d’un standard de cyber sécurité. La norme devra être opérationnelle pour tous les pays de l’UE. Il aura encore à cœur de soulever les questions des infrastructures Cloud.
Numeum escortera également au mieux la transformation numérique des légions entreprises du secteur. Ces dernières ont été contraintes à la transition digitale à cause du covid-19. Les salariés se sont par exemple lancés dans le télétravail.
Bien entendu, ce sont les buts à court terme, mais au-delà de ces intentions, Numeum aura un rôle-clé dans le plan France 2030 annoncé par Emmanuel Macron le 12 octobre dernier. Le dessein prévoit la distribution de 30 milliards d’euros aux entreprises qui œuvrent dans les technologies d’avenir et la compétitivité industrielle. L’aide sera répartie sur une période de 5 ans.
L’autre défi majeur du numérique est l’absence de profils compétents dans les filières liées aux nouvelles technologies. Le numérique récoltera alors une part importante de cette enveloppe afin de développer le secteur tout en formant les jeunes talents. Cela permettra de devenir indépendant à d’autres ressources externes.
Les programmes de Numeum sur le long terme ?
La politique globale de Numeum est orientée vers divers axes. Pour cela, elles sont classées en 9 thématiques. Mais au final, le but est de mettre le numérique au service de l’humain et de la société. Elle tend aussi à donner davantage de responsabilités aux femmes dans le domaine du numérique.
La décarbonation des industries offrira encore des opportunités aux membres. Le numérique est par exemple capable de traduire les consommations énergétiques d’une usine grâce à des données statistiques. Elle pourra alors prendre les mesures qui s’imposent pour limiter son empreinte carbone tout en veillant à l’économie circulaire. Les déplacements inutiles seront aussi réduits, car les coordinations des opérations se feront à distance.
Numeum affiche d’autant une ambition européenne. Elle est actuellement présente en France et à Bruxelles afin de se rapprocher le plus près possible des grandes instances d’Europe qui ont la mainmise sur le domaine du numérique. De plus, elle échange avec des confrères Anglais et Allemand. Elle discute également avec d’autres organisations, mais elle n’envisage pas de les intégrer dans la structure. Ce sont en résumé les déclarations de Pierre-Marie Lehucher.
Par ailleurs, elle comptera optimiser les synergies qui existent entre les acteurs du numérique en France et essayera de convaincre les autres pays à l’uniformisation de certaines règles. On peut par exemple appliquer une réglementation similaire dans le cadre du cyber sécurité.
Pour la petite histoire…
Le Syntec Numérique existait déjà depuis l’année 1969. Mais à l’époque, son nom était encore Syntec Informatique. Il était le seul organe de représentation des entreprises du numérique en France jusqu’en octobre 2005. En effet, une scission a eu lieu à partir de cette année. De ce fait, certains membres se sont alliés afin de former l’AFDEL ou Association française des éditeurs de logiciels et solutions internet. Parmi les membres qui ont créé l’AFDEL, on peut citer Sage ou encore Cegid Group. Ces entreprises ont décidé de mettre un terme à leurs collaborations avec Syntec Numérique car elles l’estimaient inefficace dans ses missions.
Avant l’unification, Syntec Numérique comptait 2000 adhérents. Il était possible de recenser dans le lot près de 750 éditeurs de logiciels et 30 grands groupes. Elle représentait encore 1000 PME et 800 start-up. Au vu de l’information, ces deux dernières catégories sont alors les plus représentées avec 1800 entreprises spécialisées dans le digital. 120 sociétés sont quant à elles de taille intermédiaire. La chose à savoir que les entreprises membres pesaient 80 % du chiffre d’affaires du secteur avec 47 milliards d’euros.
Lors de la séparation de 2005, l’AFDEL a enrôlé des centaines de membres. Avant la fusion, elle a acquis près de 350 membres dont la majorité est des PME et start-up. Au début de l’année 2016, à l’occasion de la célébration de son 10e anniversaire, elle a changé son nom en Tech In. Son attractivité n’est pas étonnante, car elle axait principalement ses services à l’accompagnement des petites organisations. Il y a entre autres le partage de bonnes pratiques. Grâce à cette stratégie, elle frôlait les 300 adhérents lors de l’année 2010. Le chiffre d’affaires réalisé par les membres est estimé à 8 milliards d’euros.
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